Après l’acier1, analysons l’impact carbone et les perspectives d’amélioration d’un autre matériau omniprésent dans nos quotidiens : le béton.
🏭 Deuxième substance la plus consommée sur la planète, après l’eau et devant le pétrole2, le béton est responsable seulement par sa production d’environ 7% des émissions de gaz à effet de serre anthropiques dans le monde et 1.8% en France.3 Cet impact considérable est notamment dû à la fabrication du clinker, composant majoritaire du ciment qui joue le rôle de liant entre les granulats du béton.4 En effet, la clinkérisation nécessite non seulement une consommation énergétique forte pour chauffer à très haute température du calcaire et de l’argile, mais en plus la réaction chimique libère une grande quantité de dioxyde de carbone.5
🧪🪵 De nombreuses solutions de bétons moins carbonés sont en cours de tests ou d’études. On peut les classer en 2 catégories.
Premièrement, il s’agit de réduire l’impact du liant (proportion plus faible de clinker, nouvelle formulation de ciment, économie d’énergie ou énergie décarbonée pour la clinkérisation).
Deuxièmement, il est possible d’utiliser des granulats recyclés6 et pour certains usages des granulats biosourcés, notamment à base de végétaux (bois, chanvre, miscanthus, lin, …). Ces bétons permettent alors de stocker durablement le carbone absorbé par les plantes et présentent des avantages pour les bâtiments d’habitation (meilleures isolations thermique et phonique, respiration, etc.). Il existe déjà de nombreuses offres de blocs préfabriqués de bétons biosourcés sur le marché.7
🏢 Mais là encore, les alternatives les plus prometteuses écologiquement et potentiellement les moins couteuses passent par une réduction de l’emploi du béton. Un optimum bas carbone est à rechercher entre la diminution du volume de béton, celle de la quantité de ferraillage1, et l’augmentation de la durée de vie de la construction. La rénovation de bâtiments et d’ouvrages permet, elle, d’adapter l’existant dans la mesure où les fondations sont suffisamment saines. La filière bois de la construction permet de stocker du carbone sur le long terme en allant plus loin que les bétons biosourcés à base de végétaux.8
De quoi soutenir le travail d’écoconception, essentiel dans une stratégie bas carbone de construction et de production.9
1 Voir la publication : https://phare-eudia.org/2024/04/19/acier-bas-carbone-il-est-temps/.
2 D’après l’International Resource Panel. Après l’eau, les matières premières naturelles les plus utilisées dans le monde sont le sable et le gravier (le granulats conventionnels du béton) : https://www.resourcepanel.org.
3 Selon la GCCA (Association mondiale du ciment et du béton) et Infociments, la Chine ayant produit 56% du ciment dans le monde en 2021 en très grand partie pour sa propre utilisation.
4 D’après l’INIES, l’empreinte carbone d’un béton traditionnel non-armé C25/C30 XC1/XC2 prêt à l’emploi est d’environ 82 kgCO2eq/tonne. Mais cette empreinte peut fortement varier du simple au triple en fonction du ciment utilisé dont l’empreinte carbone va de 765 kgCO2eq/tonne (CEM I) à 274 kgCO2eq/tonne (pour certains CEM III). Plus d’informations sur : https://www.inies.fr/.
5 En moyenne dans le monde environ 70% des émissions sont induites par la réaction chimique et 30% par la consommation énergétique du four selon la GCCA.
6 En 2022, la nouvelle norme NF EN 206+A2/CN permet de réhausser le pourcentage de granulats et de sables recyclés en fonction de la classe d’exposition : https://www.infociments.fr/betons/la-norme-beton-nf-en-206cn-granulats-recycles.
7 Quelques exemples donnés sur Le Moniteur : https://www.lemoniteur.fr/article/le-beton-vegetal-une-alternative-biosourcee-en-structuration.2329307.
8 D’après le site de l’Association des Industriels de la Construction Biosourcée, qui regroupe diverses solutions, labels, documents techniques et exemples de réalisations sur les matériaux issus de la biomasse ou du recyclage : https://www.batiment-biosource.fr/. On y apprend par exemple que 1m3 de bois de structure représente 1500 kg de CO2 consommés pour 1800 kg stockés d’après l’institut FCBA.
9 Ce que favorise en partie la loi RE2020 qui amène à comparer le béton avec d’autres matériaux, pour que les nouvelles constructions ne dépassent pas un plafond d’émissions de GESh par mètre carré : https://www.ecologie.gouv.fr/reglementation-environnementale-re2020.
Crédit photo : Zach Woolf sur Unsplash.



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